Mission n°8 – Débriefing
Altis – Samedi 7 juillet 2035 – 0745– Point d’insertion de l’équipe alpha.
Journal d’Anatoli, médecin au sein de la section Alpha.
« Ouah… Quelle cuite ! J’en ai encore la tête retournée… Et pas que la tête, d’ailleurs… J’ouvre les yeux, et me rends compte que je me suis encore assoupi… A ma montre, il est 0745…
Autour de moi, tout le monde s’agite… ça me donne envie de gerber… Un vrombissement du tonnerre me tire de ma torpeur…
Deux chars Merkava modèle Mk.XII viennent de démarrer, et font chauffer leur moteur. Je me lève, et vois passer le capitaine Shrek. En forme, on dirait, malgré ce qu’on a vécu il y a quelques jours…
Ce dernier nous fait signe de nous rapprocher. Je m’exécute. Malgré ma gueule de bois, je comprends que l’offensive visant à reconquérir la partie Sud-Est d’Altis est lancée. Une fois de plus, nous en seront l’élément clé…
Nous allons ouvrir la route jusqu’à Selakano avec nos 2 chars, un camion de ravitaillement et un blindé léger. Bref : on tire sur tout ce qui bouge qui vient du Sud-Est, quoi… Le CSAT appréciera sûrement ! Notre objectif est la capture des 4 villages du secteur.
On grimpe dans le camion…
Les équipes sont constituées comme suit :
-= Groupe Alpha =-
Équipe Spécialisée
Chef de section : Shrek
Démineur AC : Amnesia
Démineur Mitrailleur : Tequiller
Sniper : Catsy
Infirmier : Anatoli
Namer
Conducteur : Staiff
Tireur : Artic
-= Groupe Delta =-
Delta-1
Conducteur : Djmika
Tireur : Cepu
Delta-2
Conducteur : Karl
Tireur : Joarius
Les chars Merkava passent devant nous pour ouvrir la route. Le capitaine a demandé que 50m minimum séparent les véhicules.
On démarre, et nos véhicules ferment la marche.
On traverse quelques bleds, qui semblent désert… Les habitants ont dû fuir la zone, pressentant que ça allait forcément chauffer dans le secteur…
Les équipages des chars font preuve d’une certaine nervosité… Je vois les tourelles qui tournent frénétiquement, à la recherche du moindre signe suspect… La possibilité que le CSAT ait truffé la route d’IED n’aide pas à la sérénité…
Prêt d’un petit poste de garde fraichement installé, juste avant la ligne de front, on a soudain la (mauvaise) surprise de voir le général Lazaridis en personne sur le bas-côté de la route. Je l’ai immédiatement reconnu à son air arrogant et suffisant…
Crevure ! On l’attend sur le champ de bataille avec ses pseudos soldats… Pas en arrière ! Après tout, on se bat pour lui !
Une fois que le convoi le dépasse, il rentre d’ailleurs bien au chaud dans son poste de garde…
Notre convoi passe devant les carcasses des chars qui ont été héroïquement stoppés et détruits grâce au sacrifice de l’équipe Alpha il y a quelques jours… Pauvres bougres : ils y sont tous restés.
Mais ils ont permis d’éviter qu’un grand trou ne soit ouvert dans nos lignes… Pyrgos était à deux doigts de tomber…
Un énorme bruit d’explosion suivi d’une secousse me tire de mes pensées… C’est quoi, ça ?!? Le capitaine se lève, prend son arme et nous crie de descendre du véhicule. Ça y est ! J’ai définitivement décuité… C’est le char de tête qui a fait l’objet d’un tir d’obus perforant.
Une partie de la section file se mettre en position (et à l’abri !) dans les rochers à droite de la route.
Je reste derrière le véhicule, car j’ai entendu un cri… Quelqu’un est blessé…
C’est notre mitrailleur qui a dégusté. Ça n’a pas l’air trop grave… Je m’occupe de le soigner, les copains l’ayant tiré à l’abri de notre véhicule.
Sur ma droite, je vois le capitaine courir vers l’avant de la colonne… De là, je ne vois pas ce qui se passe…
Une fois notre camarade stabilisé (vu ce que je lui ai injecté, ça me fait marrer de dire « stabilisé » !), je prends mon bon vieux Famas F1, et cours sur la droite du convoi, à l’abri d’un rocher.
Plus haut, notre tireur d’élite a pris position et ouvre le feu sur des hostiles repérés à plusieurs centaines de mètres. Visiblement, il fait mouche, car je vois mes camarades progresser par bonds, en avant de la colonne…
Je redescends prudemment vers le convoi, n’étant d’aucune utilité sur cette position.
Je tombe sur Flash qui est en pleine conversation radio avec le capitaine.
Le deuxième char se met en marche, prend position près du premier…
Soudain, il ouvre le feu, et je vois quelque chose exploser au loin… Sacré tireur, ce Joarius !
Le silence revient… Plus aucun coup de feu ne se fait entendre. Le capitaine, en liaison avec Catsy notre tireur d’élite, effectue un balayage aux jumelles thermiques. RAS.
On remonte dans les véhicules, et la colonne se remet en marche. Le char de tête est opérationnel, malgré un tir direct qui l’a endommagé. On sait maintenant que le blindage de nos tanks est un précieux atout !
A 300m, alors qu’on arrive au niveau du blindé léger détruit par le second char, une maison est visible sur la pente d’une colline, qui doit probablement surplomber le village de Chalkeia, notre premier objectif.
Notre véhicule sort de la route, et se dirige vers cette maison. Les chars prennent position de part et d’autre de la route, de façon à couvrir le secteur le plus large possible.
Un bunker est visible entre la carcasse fumante et notre véhicule. A peine avons-nous mis pied à terre, que des tirs fusent dans notre direction. On se jette au sol… Mais pas assez rapidement ! Notre tireur d’élite prend une balle dans le buffet… La poisse. Le capitaine le tire en arrière, à l’abri…
Notre position est bonne, mais il faut du monde pour la tenir… Des ennemis sont repérés droit devant, vers le village de Chalkeia, et aussi à droite de notre position, vers le bunker. Les chars n’ont que peu de visuel sur ces cibles potentielles…
Un des deux chars s’avance un peu sur la route et fait feu sur le bunker. C’est un massacre…
Le bunker est mis KO en un rien de temps. On « finit » les pauvres types qui tentent de s’échapper… Devant nous, vers le village, la situation se stabilise… J’en profite pour soigner notre tireur d’élite. Il est un peu sonné, mais la blessure était superficielle…
D’ailleurs, il est vite sur pied, et trouve une position qui lui permet de liquider les derniers hostiles situés dans Chalkeia.
Le village semble désert. Plus aucun coup de feu n’en provient…
Tout le groupe de soutien se rassemble au sommet de la colline, prêt à dégringoler sur Chalkeia.
C’est parti ! Le capitaine donne l’ordre de charger vers les maisons les plus proches. Je ne traine pas, car on est à découvert, et l’idée de me faire buter par un sniper ne m’enchante pas plus que ça…
Une demi-heure plus tard, Chalkeia est déclaré sécurisé. Notre convoi reprend sa route à travers une ville fantôme…
La rue principale du village monte vers un endroit d’où l’on peut apercevoir le deuxième village qu’on doit capturer, Panagia. Le capitaine et un camarade descendent du véhicule, et 10 minutes plus tard, on repart.
Un peu plus loin, un hameau se dresse sur le flanc d’une colline… Suspect, et à portée de tirs de nos véhicules. Le capitaine ne veut pas prendre de risque : on planque le véhicule, et on va aller voir. Les chars nous couvrent.
Une fois de plus, l’équipe de soutien (nous, quoi…
se déploie et grimpe la pente douce vers la maisonnette… Fort jolie, d’ailleurs…
Soudain, je braille à tout le monde de se coucher ! Je viens de voir du mouvement par la fenêtre ouverte sur la façade Sud-Ouest… Une seconde plus tard, on est tous au sol. La progression reprend, et arrivé au pied de la baraque, nous essuyons des coups de feu. Je lance un fumi vers la porte d’entrée et un autre devant la fenêtre. Le capitaine fait irruption dans la maison, pistolet au poing, et ouvre le feu…
Il en ressort 10 secondes plus tard en nous faisant signe que c’est nettoyé à l’intérieur. On le rejoint, prudemment…
Alors qu’on fait le tour du bâtiment pour le sécuriser, les chars couvrent notre progression…
Le temps de souffler 10 minutes, on reprend notre progression, plus lentement… Notre équipe se divise en deux, et on se répartit de part et d’autre de la route, où l’on progresse à côté (et sous la protection) des blindés.
A gauche, au bout de 15 minutes, on aperçoit des moulins au sommet d’une colline… Cette colline doit d’ailleurs surplomber Panagia. Le capitaine trouve que ce serait intéressant de s’y rendre pour avoir un point de vue sur la ville qu’on va bientôt attaquer.
De plus, il est possible que ces moulins soient occupés par le CSAT. Il est bien sûr hors de question de laisser des troupes ennemies sur nos arrières… On se déploie donc, et l’équipe se répartit le long d’un muret, excellente position pour appréhender ce nouvel objectif.
Les chars stoppent, et pointent leur tourelle vers les moulins…
Et ça ne traine pas ! A peine a-t-on entamé la montée sur le petit chemin de terre sinueux que des coups de feu claquent ! On court vers le plus proche moulin, à l’abri de fumigènes, pour se mettre à couvert.
J’ouvre le feu et grille un chargeur de Famas sans résultat apparent.
Mes camarades en font de même, avec plus de résultat…
Le capitaine ordonne un tir de couverture, et on continue la progression en courant…
Les balles sifflent à mes oreilles… J’ai une montée d’adrénaline… Et promis, je ne me suis rien injecté !
Arrivé au second moulin, je vérifie d’un coup d’œil rapide qu’il n’y a pas de tireur embusqué au niveau du toit… ça va !
On finit par nettoyer la zone, et les véhicules nous rejoignent au sommet. On a une excellente vue sur la ville de Panagia.
Je descends 20m plus bas dans les ruines d’une ferme pour avoir un meilleur point de vue.
C’est à ce moment-là qu’un des chars ouvre le feu sur un véhicule se déplaçant dans le village… Coup au but ! Ce dernier explose et je vois sa tourelle faire un bond de 5m dans les airs dans un bruit dément de métal tordu !
Je remonte pour reprendre ma position initiale avec le reste du groupe…
Le capitaine Shrek nous donne l’ordre de redescendre le chemin en terre vers la route. Je m’arrête une dernière fois pour regarder la colonne de fumée… Un de moins !
La colonne se reforme sur la route ; mais rapidement, quelques coups de feu tirés de trop loin nous forcent à nous déployer.
Une série de murets devant semble offrir une bonne protection. On s’y précipite.
De là, on entame une dernière observation du village. Il semble que le capitaine a repéré des pièces d’artillerie. Là, je dois dire que j’ai flippé : on n’a rien pour traiter ce genre de menace… Et si les types en face sont des cadors, on risque de déguster sévère…
Décision est alors prise de faire appel à une frappe aérienne. Et vite… Si les gus nous repèrent, ça va être une vraie boucherie…
Au bout de 5 minutes d’angoisse, le moteur sifflant caractéristique d’un A-10C se fait entendre… Et le miracle apparait enfin.
Des gerbes de flammes sortent des ailes du A10 ; des roquettes sont lâchées par grappes entières…
Les explosions qui suivent ne laissent planer aucun doute : des pièces d’artillerie ont été détruites. Ça, c’est sûr…
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Mais simultanément, des coups de feu claquent sur nos 10H… M… ! On a été contournés par des troupes ennemies… Je vois des camarades s’écrouler…
Là, on dérouille ! On riposte comme on peut, mais rapidement, on est obligé d’opérer un retrait vers un muret situé en arrière, près d’un arbre. Des camarades portent les blessés…
La course se fait sous le feu ennemi, de plus en plus intense… Il est mal barré, notre assaut !
Au même moment, un jet ennemi sorti d’on ne sait où fait son apparition dans les cieux, et se met en chasse du A10… ça se présente de plus en plus mal, cette affaire… Le bruit des moteurs est assourdissant !
Je tourne la tête à gauche et vois un camarade lâcher une roquette AT sur un blindé léger qui vient droit sur nous. Coup au but, Dieu merci !
Nos blindés n’ont plus d’obus… ça sent la déroute… Malgré tout, la destruction de ce blindé nous offre un court répit. On en profite pour regrouper les blessés, et je commence à les soigner. Là, j’ai du boulot…
Pendant que je m’active à garder en vie le plus grand nombre de gars possible, les hommes valides de la section s’organisent pour assurer la couverture du périmètre. On est très vulnérable, sur cette route…
Alors que je commence à soigner Tequiller, ce dernier est pris de convulsions… Je n’arrive pas à le stabiliser, même avec l’aide d’autres gars… Soudain, il se crispe d’un coup et reste immobile, les poings serrés et les yeux grands ouverts ! C’est fini… Je suis fou de rage !
Au même moment, on annonce le retour de forces ennemies vers nos positions. Punaise ! Le capitaine donne l’ordre de décrocher.
On sabote les véhicules devenus inutiles, et on se tire en balançant des fumis ; mais les troupes du CSAT canardent dur vers nous… Le bruit des armes à feu est omniprésent.
On essaie d’organiser notre repli… Les plus avancés couvrent ceux qui arrivent, etc. Mais c’est la panique. En face, ils mènent une véritable contre-attaque qui se transforme en déroute pour nous…
Leur attaque s’intensifie, et le semblant de discipline qu’on tentait de préserver vole en éclat ! C’est clairement du chacun pour soi maintenant ! De toutes manières, les munitions sont presque épuisées…
On balance nos derniers fumis. On n’a plus le choix : il faut se tirer vers la position des éoliennes, en hauteur… Le capitaine a eu le temps de demander une évac par hélicos.
Les moulins ne sont plus qu’à 400m… Je n’en peux plus… J’ai l’impression que mes poumons vont exploser…
Ça y est… J’entends l’hélico qui arrive ! Les mitrailleurs latéraux ouvrent le feu pour nous couvrir, et nous grimpons à bord le plus vite possible…
A bord, l’officier pilote nous indique qu’il faudra y retourner d’une manière ou d’une autre… Le contrôle d’Altis passe par la sécurisation du Sud-Est de l’ile…
En attendant, le capitaine nous dit qu’on aura au moins 24H pour récupérer et reconstituer les effectifs… Il va falloir appréhender la nouvelle donne tactique de manière efficace et pragmatique.
Non : ce soir, je ne me saoulerai pas… »